Avec cette question transparaît l’idée que la femme aurait le pouvoir sur l’érection de l’homme grâce à l’amour et au désir qu’elle lui inspire. Elle n’a pas de pénis, mais elle fantasme à l’idée de le faire se dresser ou pas. Mais que se passe-t-il quand il ne répond plus ? C’est l’image qu’elle a d’elle-même qui lui semble attaquée. « Ne suis-je plus désirable ? »
Le plus souvent, pour évacuer cette inquiétude, elle préfère renvoyer sur l’homme la responsabilité, et donc la culpabilité, de son manque d’érection, de son manque d’amour vis-à-vis d’elle.
Et l’homme ? Lui aussi a parfois la certitude que c’est la femme qui règne sur son érection, d’où l’expression « bandante » ou pas. C’est comme si cela ne dépendait pas de lui. Cette partie de ping-pong raconte la fragilité de l’un et de l’autre, leur volonté de maîtrise et leur impuissance sur ce pénis qui n’obéit pas au doigt et à l’œil…
Or, l’érection ne dépend pas uniquement de l’apparence sexy ou pas d’une femme.
L’homme a de nombreuses érections réflexes nocturnes qui n’ont souvent rien à voir avec la femme endormie à côté de lui. Quand l’érection n’est plus au rendez-vous, et en dehors de tout trouble physiologique, il faut chercher du côté des enjeux psychiques. Que se passe-t-il pour que l’homme ne veuille pas « accueillir » son érection ? Qui veut-il punir ? Lui ? Elle ? Parfois, c’est un « trop d’amour » qui laisse le pénis en panne parce que, inconsciemment, l’homme associe la pénétration à un acte violent ou dégradant pour cette femme qu’il porte aux nues. L’érection reste la manifestation du pouvoir de l’homme d’en disposer ou pas, même s’il en est inconscient le plus souvent. Si l’homme gagne en liberté à réfléchir, avec l’aide d’un thérapeute, sur ce que cache sa panne, la femme peut elle aussi se demander pourquoi elle laisse un pénis déterminer sa propre valeur…