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Mon sexe, j'en fais pas une maladie !

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Dr Frédérique Fiszenson-Albala,
Dermatologue, Vénéréologue et Lasériste

Certains patients consultent en urgence pour des éléments de la vulve, de la verge ou des testicules qu’ils viennent de constater et qui s’avèrent, avoir toujours existé, être des variations de la normale ou des lésions tout à fait bénignes.

Elles peuvent être aussi des lésions effectivement infectieuses mais sans aucune gravité et sans caractère sexuellement transmis ou transmissible.

Parce que la zone concernée se trouve être la zone sexuelle, plus que jamais, ces découvertes corporelles font l’objet de mauvaises interprétations nourrissant les angoisses, conscientes ou non, liées au sexe ou à la pratique sexuelle.

En effet, les « grains de Fordyce », par exemple, sont des toutes petites glandes sébacées que l’on peut retrouver au niveau de la vulve, au niveau du prépuce ou encore du fourreau de la verge. Ces petits granulés jaunâtres sont fréquents. Ils font partie intégrante de la spécificité d’un corps, au même titre qu’un grain de beauté ou une fossette et ne nécessitent aucun traitement.

Autre élément fréquent : les papules perlées du gland appelées « hirsutisme balanique » sont des formations fibromateuses parfois sur plusieurs lignes sur la couronne du gland. Elles auraient un rôle physiologique, offrant plus de sensibilité lors du coït.

Ces formations sont souvent confondues avec des « papillomes vénériens » et à ce titre sont vécues avec anxiété et culpabilité car elles posent la question de l’existence d’une infection et surtout d’une I.S.T (infection sexuellement transmissible) avec son cortège d’interrogations, sur la fiabilité de l’autre par exemple.

Outre ces particularités physiologiques certaines dermatoses communes, localisées au niveau génital : maladies inflammatoires mais non infectieuses (psoriasis, eczéma, lichen, aphtes…), ou les allergies à un médicament, donnent parfois lieu à des examens lourds et à des angoisses parce qu’également souvent confondues avec une I.S.T. alors qu’un traitement adapté permet de les soigner très simplement et redonne à la sexualité le cadre de son confort.

D’autre part, la survenue de certaines infections, cette fois, comme les mycoses (infections liées à des champignons) n’ont pas lieu d’être systématiquement liées aux rapports sexuels. Elles surviennent souvent après un traitement antibiotique ou après un stress. Elles nécessitent elles aussi un traitement adapté afin que, outre les raisons médicales évidentes, ne se cristallisent sur la zone sexuelle les sensations de douleur qui entrainent la défiance vis-à-vis de la sexualité.

La découverte chez certains hommes, circoncis ou non, de taches pigmentaires brunes, quelquefois très foncées, de teinte inhomogène, irrégulières de taille, sur le pourtour du gland et du sillon balano-préputial, font craindre un mélanome génital (cancer de la peau ou des muqueuses).

Il s’agit en fait de « mélanose » (lentiginose) du pénis.

A l’inquiétude première de la mort liée à tout cancer, se surajoute la peur de se faire retirer un morceau de son anatomie et une fois encore, parce que la zone concernée ce trouve être la zone sexuelle l’inquiétude peut virer à l’angoisse inconsciente de castration.

Les « angiomes », des petits éléments violacés, parfois très foncés, imitant des lésions pigmentaires, peuvent apparaitre sur la vulve (surtout lors ou après une grossesse), sur la verge ou les testicules. Ils sont définitifs mais n’ont en revanche aucune conséquence sur la santé.

Il en est de même pour les kystes sébacés des testicules (boules blanchâtres ou jaunâtres de sébum entourées d’une coque), qui sont des lésions tout à fait bénignes. Elles peuvent être enlevées en cas de gêne et ne génèrent aucune séquelle.

En conclusion, pas de quoi paniquer…. oserais-je dire !
Le regard sur son sexe éveille souvent un cortège d’inquiétude : peur de la mutilation, angoisse de mort, honte ou gène à la nature de son sexe, culpabilité au contact et à la sexualité, idée d’une zone abîmée ou souillée.

Ainsi se font  les lectures alarmistes et anxiogènes et plus que jamais la puissance des symptômes.      
Plutôt que de nourrir vos peurs n’hésitez pas à consulter si vous vous interrogez sur des éléments récents ou anciens pour être rassuré et vivre paisiblement votre sexualité, car regarder, découvrir ou ressentir son sexe n’est pas en faire pour autant une maladie !

 Lectures

Auteur de chronique mensuelle pour Psychologies magazine.

La Sexualité décomplexéeAuteur du livre "La Sexualité décomplexée"
2015 | Flammarion.

La Sexualité des femmes n'est pas celle des magazinesAuteur du livre "La Sexualité des femmes n'est pas celle des magazines"
2004 | La Martinière.

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 Interviews !