Couples

Moindre sensation, absence de naturel, odeur de plastique, manipulation compliquée, jamais à portée de main... tout sera décidément reproché au préservatif ! ...et les fabricants de couper le latex en quatre pour qu'il soit une promesse de plaisir.

A l'heure où la sexualité semble ne plus pouvoir se passer de sextoys aux modes d'emploi sophistiqués, aux matériaux high tech - d’ailleurs souvent composés de phtalates -, aux « délicates » couleurs disco, au goût « subtil » de fraise tagada, les reproches faits au préservatif prêteraient à sourire si la frustration n'était ailleurs. Tandis que l’utilisation d’objets ou le recours à une mise en scène, aux allures, parfois, de caricature, semblent enrichir les élans amoureux et la communion des corps, habiller le pénis de quelques microns - de 90 et même 40 pour les plus fins - serait de l’avis de nombre d’entre nous anti-érotique, voire rédhibitoire.

Serait-ce le fantasme de fusion, celui d'être délicieusement mêlés et emmêlés au sexe de l’autre qu’une capote semble interdire ? Ainsi "enlatexés", les amants s’imagineraient-ils étanches l'un à l'autre quand ils se voudraient perméables justement, chacun imprégné des substances et des odeurs de l’autre, comme un enfant l’est de sa mère ? Se vivraient-ils privés par le préservatif de cette inscription intime, témoignage du lien d’appartenance et du partage des émotions ?

Serait-ce la vision d’un plaisir tout-puissant, qui aurait besoin de se frayer un chemin au milieu des risques - de grossesse, de maladie - pour exprimer sa puissance et son pouvoir ? Chez certaines femmes, l’utilisation d’un préservatif met fin au fantasme de jouir de tout leur soûl d’une sexualité possiblement fécondante. Le temps d’un ébat, il brise le rêve inconscient d’être reconnue par son partenaire digne et légitime d’être mère et l’empêche de s’imaginer à ce point « remplie », quel que soit la réalité de son désir d’enfant.

Serait-ce une lecture masculine de la sexualité ? Car ce sont majoritairement les hommes qui maugréent. Les pénis, dixit leurs propriétaires, sont « comprimés » et « ne peuvent plus respirer ». Délicieuse expression ! Ce serait ainsi, la tête la première, que ceux-ci fantasmeraient pénétrer le vagin d’une femme, pour mieux retrouver le plaisir ineffable de leur origine ! Plus drôle encore, ce sont ces mêmes hommes qui revendiquent l’aventure de pénétrations exiguës, au prétexte de vouloir être « fermement contenus » ! A moins que l’on reconnaisse une fois encore que le sexe, comme l’amour, a ses raisons que la raison ignore et qu’ainsi la sodomie, qu’elle que soit l’exiguïté, la pression voire la difficulté qu’elle peut lui faire endurer, fait jouir l’homme d’une conquête de territoire, quand le préservatif lui, érige des frontières.

La sexualité est donc bien affaire d'émotions et de fantasmes, fruits de nos constructions et lectures psychiques, et non affaire de logique. Pourtant, si elle puise sa créativité dans nos élaborations inconscientes, notre liberté sexuelle pleine et entière ne peut faire l’économie de la reconnaissance et du respect des limites de chacun. C’est la condition même de la pérennité du couple, de sa survie. La barrière de latex nous en offre une occasion parmi d’autres !

Lectures

Auteur de chronique mensuelle pour Psychologies magazine.

La Sexualité décomplexéeAuteur du livre "La Sexualité décomplexée"
2015 | Flammarion.

La Sexualité des femmes n'est pas celle des magazinesAuteur du livre "La Sexualité des femmes n'est pas celle des magazines"
2004 | La Martinière.

En vente ici


La sexualite des Femmes n'est pas celle des magazines

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